PCF : après le vote, les questions restent entières

Je suis intervenu au conseil national des 4 et 5 février 2023, après le vote d’adoption de la base commune de discussion.


Cher·e camarades,

On peut avoir différentes lectures des résultats du vote. J’ai entendu ce qu’a dit Fabien dans son rapport. En ce qui me concerne, à partir de ce que j’ai vu et entendu des camarades, il me semble qu’ils ont avant tout exprimé leur soulagement de la percée médiatique de notre secrétaire national, donnant ainsi de la visibilité à notre parti. Il y aurait beaucoup à dire sur le résultat de cette « avancée », et sur le prix à payer de cette présence médiatique, mais en tout cas, les communistes ont voulu y lire quelque chose de positif. Dont acte.

Mais si on est conséquent, je crois qu’il faut dire que les questions que nous avons à débattre restent entières et le débat est donc plus ouvert que « tranché ».

Ainsi en va-t-il du bilan qui s’efforce dans le texte, d’effacer la poursuite de notre affaissement, affaissement électoral et affaissement organisationnel, en témoigne la perte de près de 15 % de cotisants en 4 ans que l’on peut observer dans la contraction du corps électoral lors de la consultation.

Le débat reste ouvert car il faudra bien que l’on explique comment construire un rassemblement majoritaire, « une perspective politique de changement » comme l’a dit Fabien dans son rapport, sans dire comment faire évoluer le rassemblement actuel qui s’appelle la NUPES, et qui sans être la panacée, est le lieu et le programme rassemblant les quatre principales forces de la gauche, réputées il y a peu « irréconciliables » ? Y a-t-il un plafond de verre à gauche, légitimant de reporter la constitution d’un Front anti-RN ?

Le débat reste ouvert car il ne suffit pas de nous proclamer « défenseur des classes populaires » pour que ce soit le cas, ni de chercher à parler à la frange des classes populaires qui votent RN pour qu’elle vote pour nous. Peut-elle d’ailleurs, cette frange des classes populaires qui vote RN, faire retour ou est-ce illusoire parce le racisme est un caractère dominant dans son vote ? Y a-t-il également quelque chose à gagner dans un récit opposant les classes populaires des champs et celles des villes, et comment au contraire oeuvrer à leur convergence ?

Le débat reste ouvert car de la sympathie que suscite Fabien à l’adhésion au projet communiste, il y a toujours un abîme. Et nous avons toujours une vraie difficulté, et disons-le un vrai débat entre nous sur le « quelle gueule cela a » le communisme dont nous parlons. En particulier, notre horizon se limite-t-il à « taxer le capital » pour un meilleur partage de la richesse, ou à avancer et valoriser des conquis communistes ici et maintenant.

Le débat reste ouvert car il faudra bien exprimer quelle vision nous avons du parti, alors que la crise de la forme partidaire se poursuit et que le PCF en est quand même historiquement l’idéal type. Nous ne voulons pas d’une forme gazeuse. Mais voulons-nous un parti qui fonctionne à la légitimité descendante, comme le projet d’évolution des statuts en témoigne, avec des directions dont il faut mettre en œuvre les décisions, ou voulons-nous privilégier d’autres logiques que cette verticalité, celle du réseau, de l’horizontalité des échanges et de la délibération, celle d’un collectif pensant, délibérant et agissant, à l’instar de l’homme neuronal de Jean-Pierre Changeux ?

Ces questions restent ouvertes.

Au fond, s’il n’est plus possible comme nous l’avons fait depuis plus de 40 ans, c’est-à-dire en réalité depuis le XXIIe congrès, de rester dans une forme de statu quo mortifère, hésitant à substituer « quelque chose d’autre » à l’abandon du centralisme démocratique, mais aussi au modèle étatiste, faut-il comme en réalité on nous y invite, faire le choix de ce qui semble être un retour en arrière, ou faire enfin l’effort sur nous-mêmes, l’effort théorique et pratique de novation, pour faire vivre un communisme d’aujourd’hui ?

Voilà à mon sens quelques-uns des débats existentiels que nous avons devant nous et dont il faudra bien parler pour un congrès utile. Le débat n’est donc pas « tranché » comme je l’ai entendu dire, mais au contraire il doit s’ouvrir.

Une réflexion sur “PCF : après le vote, les questions restent entières

  1. D’accord avec cette intervention sur la lecture du résultat des votes. C’est avant tout la percée médiatique de notre secrétaire national qui a été à la base du vote Mais cette percée, dont je trouve également qu’il y a beaucoup à dire, s’est transformée en une sorte d’adoration de la personne de F Roussel faisant que nous sommes revenus au culte de la personnalité . Il faut aussi noter que les sondages montrant cette percée nous disent également que son pourcentage de sympathie est plus important parmi l’ensemble des français que parmi les personnes de gauche, ce qui ne peut qu’inquiéter quant à sa popularité parmi les personnes de droite ou sociales-démocrates .J’en ai l’exemple dans ma famille et j’ajoute que les médias connus pourtant jusqu’à maintenant pour leur anti-communisme ne peuvent que tomber d’admiration devant l’homme. Cela devrait alerter nombre de camarades et les faire réfléchir sur la direction empruntée par le parti plutôt que rester subjugué gué par l’homme et ses blagues à deux balles!
    Sur le bilan, s’extasier sur nos progrès, -alors que les scores électoraux sont sans appel, comme l’est la baisse des cotisants ainsi que le nombre de camarades n’ayant pas participé à la récente consultation-, est complètement hors-sol. Enfin, sur l’union, continuer comme le fait Roussel à toujours se distinguer de la NUPES en se mettant souvent en marge et en portant des coups à la FI dès qu’il le peut , ne fait que freiner cette union et installer le doute chez certains camarades et chez nos partenaires. L’union qui prévaut chez la direction actuelle du parti, c’est la bonne vieille union avec le seul PS et particulièrement avec la frange opposée à Faure représentée par Mmes Hidalgo, Delga et autres, opposée à la NUPES.
    En conclusion, je dirais que ce n’est pas la France des jours heureux que nous prépare ce parti là, mais plutôt son propre déclin.

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