Le texte de mon intervention au conseil national du PCF du 30 janvier 2021 (dans les 4 minutes imparties).
Même si je ne partage pas ses conclusions pour la séquence de la présidentielle et des législatives, je veux remercier Fabien Roussel sur son appel à la fraternité dans le parti. Il y a beaucoup à reconquérir vu le niveau d’hystérisation actuel, notamment sur les réseaux sociaux et auquel Pierre Laurent a fait référence dans son intervention.
J’en viens à la présidentielle et aux législatives et au texte de résolution dans lequel j’ai cherché en vain le moindre élément qui nous permette de nous fixer des objectifs politiques pour ces échéances. Du moins aurait-il pu tenter de poser un diagnostic pour répondre à la question posée par le 38e congrès et à laquelle les communiste doivent répondre : les conditions d’une candidature communiste sont-elles créées ?
Je donne donc mon avis.
Nous avons une première question à nous poser. Pensons-nous qu’il soit possible de déjouer le duo Macron/Le Pen en 2022, et pensons-nous possible de qualifier une ou un candidat de la gauche porteuse d’un projet de rupture écologique et sociale pour le second tour de la présidentielle ?
Des camarades répondent d’ores et déjà non. Et ils tirent de cet état d’esprit dans lequel je ne peux pas ne pas voir une forme de défaitisme, la justification d’une candidature issue du parti communiste. Au fond ils disent, « foutu pour foutu, au moins on profitera un peu de la lumière et des cameras pour exister ».
Nous avons déjà vu les résultats de cette logique aux européennes. 2,5 %. Plus aucun élu. A la présidentielle, ce ne sera pas la même histoire. Le talent de notre tête de liste d’alors, ou d’un autre, aura encore plus de mal à s’exprimer car les français ne s’emparent pas du scrutin des présidentielles de la même manière. La seule chose qui comptera pour les électeurs de gauche dans leur vote de premier tour, c’est de choisir celui ou celle qui portera un cap tout en étant en mesure de se qualifier face à Le Pen ou Macron.
Rien ne montre qu’une telle qualification soit acquise pour aucun des candidats de gauche. C’est pourquoi, si la candidature unique à gauche serait bien-sûr réductrice et démobilisatrice, la multiplication excessive des candidatures est un handicap.
Quel message enverrions-nous en nous entêtant dans cette direction ? Premièrement, que nous avons renoncé à un possible changement de pouvoir. Deuxièmement, que nous cédons au Rassemblement national le rôle de porter le drapeau de l’alternative, Olivier Dartigolles vient de nous rappeler la sinistre promesse du sondage plaçant Marine Le Pen à 48 % au second tour. Et, par conséquent, que nous confions à Emmanuel Macron le soin de nous en préserver.
Celles et ceux qui pensent encore à gauche que le PCF sert à quelque chose auraient alors de sérieuses raisons de se détourner complètement de nous. Il faut donc faire un autre pari. C’est notre responsabilité si nous pensons qu’une révolte électorale peut venir à bout du duo Macron / Le Pen.
L’opportunité existe bel et bien. Le capitalisme a rarement fait la démonstration la plus éclatante de sa nocivité. L’idée qu’il faille changer radicalement de cap progresse à grands pas dans les consciences.
Il y a de la résistance dans l’air. Notre peuple a subit 10 années de social libéralisme mais pourtant, il ne se soumet pas. Je pense aux « Gilets jaunes », au mouvement contre les retraites, à la marche climat, aux luttes nombreuses pour l’emploi, contre le racisme, aux Metoo, aux mobilisations contre les violences policières, pour les libertés.
Notre responsabilité est de bâtir autour d’un projet de rupture économique, sociale et écologique, profondément nourri des idées communistes, un rassemblement à vocation majoritaire. C’est d’œuvrer au rassemblement des forces politiques et citoyennes qui en pourraient en être porteuses. C’est la condition pour briser la mécanique de l’abstention populaire.
Envoyons ce signal d’espoir. Ouvrons publiquement des discussions sur le programme, et allons vers la construction d’un accord portant à la fois sur la candidature à l’élection présidentielle et un partage des candidatures pour les législatives.
Et souvenons-nous que c’est toujours lorsque le PCF a su s’ouvrir et créer les conditions du rassemblement de la diversité (le Front populaire, le programme du CNR, le programme commun, le Front de gauche), qu’il a permis des avancées sinon des victoires, et qu’il a pu rayonner et regagner en influence.