Ni déni, ni repli, de l’envie !

Mon intervention au conseil national du parti communiste français du 9 juillet 2020 à l’issue de la séquence des élections municipales.

Pour aborder des échéances électorales, le déni sur le bilan des précédentes n’est jamais une bonne idée. C’est un travers qui nous caractérise trop souvent et qui s’est récemment aggravé lorsqu’il s’est agi de tirer le bilan des élections européennes (moins de 2,5% et aucun élu) et aujourd’hui avec la lecture qui nous est proposée des élections municipales.

S’il faut se réjouir que des capacités de reconquête existent lorsqu’elles s’appuient sur des équipes, des personnalités et des stratégies rassembleuses, c’est en réalité le seul enseignement positif de ce scrutin.

Pour l’essentiel, il consacre un nouvel affaiblissement du Parti communiste.

Affaiblissement symbolique avec des pertes emblématiques trop nombreuses comme à Saint-Denis ou encore à Champigny.

Affaiblissement statistique aussi, avec un nombre toujours plus important de nos compatriotes qui n’auront pas eu la « chance d’avoir un maire communiste » : 360.000 personnes en moins si l’on considère la population française vivant dans une ville où le maire est communiste ou apparenté.

Nous réalisons certes quelques gains, mais essentiellement dans des villes de moins de 10.000 habitants. Presque partout ailleurs, nous reculons.

Dans l’immense majorité des villes, notamment les plus importantes, au mieux nous freinons notre perte d’influence en nombre d’élus, mais en participant à des coalitions dont nous sommes toujours moins les moteurs et toujours plus les supplétifs.

Plus grave, nos succès sont dus pour l’essentiel à la détermination des camarades sur le terrain, dans des conditions très diverses, sans identification claire de ce que le PCF pourrait porter nationalement dans cette séquence, quand d’autres forces jouissaient elles, d’un vent bien plus favorable. Cela interroge bien sûr pour la suite.

Or, la suite ce sont notamment les échéances de 2021, et bien sûr celles de 2022 qui ont déjà considérablement agité notre congrès d’il y a deux ans, et qui sont au cœur de déclarations publiques de nos principaux dirigeants.

Des camarades appellent publiquement à l’union la plus large, quoiqu’il en coûte pourrait-on dire, car sur le fond, on ne sait pas trop à quel nouveau compromis elle conduit. Je pense notamment au texte récemment signé par nos porte-parole appelant à un rassemblement qui risquerait de n’accoucher finalement que d’un énième compromis eco-social-démocrate, plus épuisé que jamais, source de nouvelles désillusions pour notre peuple.

D’autres camarades de notre assemblée appellent quant à eux et invariablement, à une candidature communiste à l’élection présidentielle.

Compte tenu de la gravité de la situation économique et sociale, d’ores et déjà d’une très grande violence pour la population, où nous allons affronter des forces considérables et qui sont déjà en ordre de marche, inviter les communistes à choisir entre d’une part, une union floue dont on ne sait pas où elle conduit, et d’autre part un isolement clair dont on connaît fort bien l’issue, serait catastrophique puisque ces options font l’impasse sur les questions sérieuses qui sont devant nous. J’en cite trois :

  1. Est-il possible de bousculer enfin la pente de l’abstention, notamment en continuant de privilégier comme nous le faisons les logiques partidaires, sur les logiques populaires, débat qui est porté à son point d’incandescence à Vitry-sur-Seine, et que nous venons de refuser de clarifier avec la déclaration que nous venons d’adopter ?
  2. Est-il possible de faire un effort d’innovation démocratique et de construire une dynamique d’un nouveau genre, associant les forces de la gauche de transformation écologique et sociale, les forces syndicales et citoyennes, à l’image des 18 d’organisations syndicales, associatives et environnementales qui ont appelé à préparer « le jour d’après », ou encore l’appel à un Big bang, bref aux forces engagées dans les combats de la crise social, économique, écologique et même anthropologique dans laquelle nous nous enfonçons, pour prendre le pouvoir sur la création de richesse, pour lutter contre toutes les discriminations ou encore pour le climat ?
  3. Est-il possible de donner aussi un débouché électoral à cette dynamique, aux élections départementales et régionales, et bien sûr en qualifiant un ou une candidate au second tour de l’élection présidentielle déjouant le piège du duo Macron/Le Pen et en construisant des majorités électives au parlement ?

Travailler dans cette direction supposerait un effort inédit fait d’initiatives tournées vers l’extérieur, en particulier vers ces forces et initiatives citoyennes. Je n’en vois aucune trace dans le calendrier de travail qui nous est proposé, calendrier dans lequel en outre, l’apport potentiel de notre conseil national, me semble sous-estimé.

A lire, l’analyse détaillée de Roger Martelli des résultats des élections municipales.

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