L’heure des choix aux PCF

Je suis intervenu au conseil national du PCF

Nous avons toujours su que les relais du capitalisme en France étaient près à tout. Ils sont désormais prêts à abattre leur dernière carte pour que rien ne change. À peine élus, la normalisation des 90 députés d’extrême-droite est en cours à une vitesse fantastique. L’appareil idéologique et médiatique met tout en œuvre pour cela : au nom d’une laïcité frelatée, au nom d’un républicanisme abstrait qui invoque les devoirs des citoyens pour mieux bannir leurs droits, au nom aussi d’une opposition fictive et opportune entre classes populaires des villes et classes populaires des champs.

Tout est fait pour installer un arc politique de la perpétuation d’un système épuisé et fou, d’Ensemble au RN et à LR, en passant par ceux à gauche qui sont prêts à répondre à cette convocation détestable et dangereuse. Cette méthode et ces thèmes ont déjà servi à plein pendant la campagne des présidentielles pour tenter par tous les moyens de briser le rassemblement tant souhaité à gauche aux présidentielles, et que les électeurs auront su en quelque sorte imposer aux législatives. Il est d’ailleurs très regrettable que nous en ayons nous-même été les instruments dans nos tentatives pour nous distinguer de la concurrence présidentielle.

La conséquence immédiate de cette normalisation de l’extrême-droite, c’est la normalisation du racisme, qui devient le carburant principal de tout débat politique, quel que soit désormais le sujet. Et j’avertis ceux qui se demandent s’il faut s’adresser aux « fâchés par fachos » : ne perdons jamais de vue que dans le vote RN, le racisme est caractère dominant, et la colère sociale un caractère récessif.

Rien n’est plus urgent pour le Parti communiste français de saisir la gravité de cette situation, car la prochaine fois pourrait être la bonne pour le RN.

Alors oui, le rassemblement de la NUPES n’a certes pas emporté la victoire. Mais il a permis le retour sur le devant de la scène d’un projet de rupture de gauche, ce qui n’était pas arrivé depuis des décennies, et qui semblait encore hautement improbable il y a quelques mois.

Il valide un choix stratégique inverse de ce que notre parti construit ces dernières années, l’inverse d’une proposition qui a animé de long débats ici-même : la construction un pôle de radicalité contestant l’hégémonie sociale-libérale, pour modifier les rapports de forces au sein de la gauche et permettre son rassemblement à vocation majoritaire sur une base claire. Nous avons été quelques-uns à nouveau au dernier congrès, pour proposer que le PCF en soit l’artisan. Mais ce sont des choix radicalement inverses qui ont prévalus depuis 2018, une stratégie du solo identitaire conduisant finalement à un nouvel affaiblissement de notre parti : électoral, organisationnel et budgétaire mais aussi et c’est plus grave, idéologique. Le bilan doit être fait des conséquences de cette orientation calamiteuse.

Mais l’histoire n’est pas finie. Elle commence et nous pouvons encore être au rendez-vous. La Nupes n’est pas un simpleaccord électoral, une parenthèse qu’il convient de refermer comme Fabien Roussel le prétend, mais bien plus, c’est un programme commun, et c’est surtout un espoir.

Notre obsession doit donc être la réussite de la NUPES, et aucun autre obscur calcul. C’est ainsi que nous serons utiles et que nous ferons retour sur le devant de la scène politique. Investissons-la, pleinement. Cela pose la question d’une feuille de route claire pour notre participation dans le Parlement de la Nupes et de la désignation d’une nouvelle délégation qui puisse s’y consacrer. Cela veut dire aussi pérenniser les espaces locaux de coopération qui se sont créés pour les 577 campagnes des législatives.

La Nupes et cet espoir sont la prunelle de nos yeux. Oeuvrons pour que le pluralisme y soit la règle, qu’elle ne soit pas un outil au service d’une seule organisation. Créons des passerelles avec le reste des forces sociales et syndicales en mouvement. Rendons-la accueillante pour celles et ceux qui ni insoumis, ni communiste, ni socialiste, souvent très jeunes, se construisent un chemin de politisation et d’action, et pour qui le mot de « communisme » reste encore un puissant attracteur.

Bref, faisons de cette réussite de la NUPES notre principale feuille de route.

Quant au congrès, dont je découvre ce matin que nous avons adopté hier le calendrier, je suis surpris que nous ne tirions pas les conséquences des divergences qui se sont exprimées dans les débats et traduites dans les votes. Dans cette situation politique d’une extrême gravité, alors même que notre Parti se trouve aussi fragilisé, nous méritons mieux qu’un congrès « en force ». J’en appelle dès cet été à l’intelligence du collectif communiste pour défricher les questions qui sont sur la table.

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